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On nous a longtemps dit que le Covid-19 touchait peu ou pas les enfants, mais une étude menée au Royaume-Uni constitue peut-être le sommet d’un vaste iceberg, car l’étendue de l’atteinte même chez les enfants pourrait être pire qu’on pensait.
En avril 2020, un hôpital pour enfants à Londres, au Royaume-Uni, a connu une augmentation du nombre d'enfants atteints d'un syndrome hyperinflammatoire multi-systémique (MIS-C). Les enfants présentaient divers symptômes, notamment de la fièvre, des maux de tête, des douleurs abdominales, des éruptions cutanées et une conjonctivite. Les caractéristiques cliniques et les résultats de laboratoire présentaient certaines similitudes avec ceux de la maladie de Kawasaki, dont on a beaucoup parlé, du syndrome de choc de la maladie de Kawasaki ou du syndrome de choc toxique, bien qu'atypique et plus grave.
L’hôpital pédiatrique a vu un groupe d'enfants sans précédent se présenter avec un MIS-C post-Covid-19. Pour l'étude, les chercheurs ont effectué un examen rétrospectif des résultats cliniques, de laboratoire et d'imagerie des 35 premiers enfants de moins de 17 ans qui ont été admis à l'hôpital pédiatrique répondant à la définition de cas pour le MIS-C. Les enfants ont été admis du 14 avril au 9 mai 2020, et comprenaient 27 garçons et huit filles, avec un âge médian de 11 ans.
La présentation clinique la plus courante était la fièvre, trouvée chez 33 (94 %) des enfants, les symptômes gastro-intestinaux, y compris les douleurs abdominales, les vomissements et la diarrhée chez 30 (86 %) des enfants, les éruptions cutanées (13 ou 37 %) et la conjonctivite (9 ou 26 %). Vingt et un enfants (60 %) étaient en état de choc. L'état clinique était suffisamment grave pour justifier une prise en charge dans l'unité de soins intensifs pédiatriques chez 24 des 35 enfants (69 %), dont 7 (20 %) ont eu besoin d'une ventilation mécanique et 20 (57 %) d'un traitement par des agents inotropes.
Deux enfants ont eu besoin d'une oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO) en raison d'un dysfonctionnement cardiaque grave. Les tests de laboratoire ont révélé que tous les enfants avaient un taux de globules blancs anormal.
L'étude a permis d'identifier un schéma de résultats d'imagerie post-Covid-19 avec, notamment, une inflammation des voies aériennes, un œdème pulmonaire rapidement progressif, des anévrismes des artères coronaires et des modifications inflammatoires abdominales étendues dans la fosse iliaque droite.
Les 35 enfants ont tous subi une radiographie pulmonaire en raison de la fièvre, d'une septicémie ou de caractéristiques d'une inflammation multisystémique. Dix-neuf radiographies étaient anormales, la constatation la plus fréquente étant celle d'un épaississement de la paroi bronchique.
Les résultats prédominants du scanner thoracique étaient une consolidation basale, ou un oedème et un affaissement pulmonaire avec des épanchements pleuraux, ou une accumulation de liquide dans les membranes externes des poumons.
L'échographie abdominale a révélé des changements inflammatoires dans la fosse iliaque droite, avec un filage de graisse mésentérique, une lymphadénopathie et un épaississement de la paroi intestinale, ainsi qu'une accumulation de liquide au niveau du pelvis.
Cela révèle que les enfants peuvent être plus sérieusement atteints qu’on le pensait et que des examens complémentaires ainsi qu’un suivi sont souvent nécessaires aussi chez eux.