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L'incapacité du gouvernement en affaires courantes de s'accorder pour donner le feu vert au budget des soins de santé 2025 a entraîné son lot de critiques, lundi.
L'ABSyM, le plus grand syndicat de médecins, "regrette que le gouvernement marginalise ainsi le modèle de concertation et crée une situation politique instable". Car si la balle est désormais entre les mains des ministres démissionnaires, on "ne sait pas comment et quand" il y aura déblocage, indique le syndicat. La situation "génère une grande incertitude pour les patients, les médecins ainsi que tous les autres prestataires de soins".
Le Conseil général de l'Inami devait se prononcer ce lundi sur la proposition globale de budget des soins de santé pour l'année prochaine, mais malgré la majorité de voix obtenue en faveur du projet du Comité de l'assurance, il n'y a pas eu de feu vert : les représentants du gouvernement n'étaient pas unanimes pour dire "oui", ce qui est indispensable. L'Open VLD a voté contre, le MR s'est abstenu.
Rapidement, le ministre de la Santé publique, le socialiste Frank Vandenbroucke, a exprimé sa désapprobation, estimant que le gouvernement, même en affaires courantes, est bien responsable d'assurer un budget des soins de santé qui tienne la route. Le Premier ministre doit, en urgence, réunir le kern, ajoute-t-il, rejoint dans cette demande par un autre vice-Premier, l'Ecolo Georges Gilkinet. Une vision qui tranche, justement, avec celle du Premier ministre en question, qui estime que ce budget des soins de santé est finalement du ressort du probable futur Premier et actuel formateur Bart De Wever.
Les acteurs du secteur sont quant à eux consternés. Les mutualités, via un communiqué commun signé par Luc van Gorp, président du Collège intermutualiste, soulignent que le rejet, par manque d'accord au sein du gouvernement, de la proposition de budget est "une première depuis 2011". "Certains partis politiques mettent en péril la stabilité et la continuité des soins de santé", résume Luc Van Gorp. Ce dernier parle de "petits jeux politiques sur le dos du patient".
Les mutualités craignent également l'incertitude pour les patients et les prestataires de soins. "Il est tout à fait possible que la facture soit répercutée sur le patient, qu'un déconventionnement massif s'ensuive et que les suppléments d'honoraires augmentent". "Le rejet de la proposition met également à mal la bonne préparation des mesures d'économies. Certaines prendront effet dès le 1er janvier", rappelle Luc Van Gorp, qui souligne la large base de soutien de la proposition qui était sur la table. Une proposition qui "prévoyait une répartition équilibrée des économies, non pas sur la base d'une vision linéaire, mais bien sur la base d'une analyse approfondie des secteurs où les dépenses pouvaient raisonnablement être réduites sans incidence sur la continuité et l'accessibilité des soins".
Le président de l'ABSyM, Johan Blanckaert, s'inquiète d'ailleurs pour le maintien de la norme de croissance et de l'index, et "met en garde" contre de possibles répercussions sur les conventions: "Pourquoi les médecins accepteraient-ils encore de signer une convention si le gouvernement remet en cause tous les accords budgétaires ?"
source: belga