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Les médicaments sans ordonnance trop chers?
14/04/2023 - 01:33
Photo: Shutterstock

Quand la mémoire et le discernement éclairé se font rares
Une fois encore, nous devons déplorer des communications qualifiables de populiste. Qui ne voudrait pas payer moins cher ce qu’il veut ou doit acheter ?
Et, à nouveau, les médicaments sont pointés du doigt…
Faudra-t-il attendre que nous ayons fermé les pharmacies, limité la palette des produits disponibles aux meilleures ventes et relégué nos produits de santé à des produits de grande consommation pour se souvenir de la chance que nous avions de les avoir à portée de main, assortis de conseils avisés, d’un suivi thérapeutique et d’un suivi au sein de notre dossier pharmaceutique personnel ?
Chercher un médicament moins cher quelque part n’est pas difficile ; trouver un médicament vendu dans les mêmes conditions de qualité et avec le même suivi professionnel, c’est autre chose !
Chez BACHI (Belgian Association of the Consumer Healthcare Industry), association représentant la majorité des sociétés actives dans le segment des produits de santé en vente libre, nous avons un autre avis !
On nous parle de la grande surface mais souhaitons-nous réellement recevoir un avis sur un médicament de quelqu’un n’ayant pas suivi une formation de pharmacien ? Pourrons-nous déposer une plainte concernant un effet secondaire à la caisse du supermarché ? Serons-nous acceptés un dimanche à 22h dans un supermarché de garde (qui n’existe pas) ? Sera-t-il possible de demander un avis sur le traitement des hémorroïdes à la caisse ? Pourrons-nous rapporter nos médicaments périmés et/ou non utilisés aux pompes à essence ?
Il faut arrêter de comparer ce qui n’est pas comparable.
Les produits de santé, qu’ils soient médicaments, compléments alimentaires, dispositifs médicaux, cosmétiques ou biocides, sont et restent des produits de santé !
Un avis professionnel est une valeur ajoutée pour garantir bon usage et vigilance.
Qui dit « vente libre » doit donc s’attendre demain à ce que le produit soit vendu n’importe où. Est-ce vraiment ce que nous voulons ?
Si c’est avec l’objectif d’avoir un prix compétitif, il faut alors également comparer le service global ! On parle ici du conseil d’un professionnel de la santé, d’une possibilité de reprise des médicaments périmés et/ou non utilisés, de la tenue d’un dossier pharmaceutique, du suivi de la prescription du médecin (produit de santé non soumis à prescription ne veut pas dire qu’il n’est pas prescrit !), d’un système de permanence, de la tenue d’un stock dans des conditions acceptables et d’une gamme complète (pas uniquement les produits les plus vendus), d’une responsabilité face à l’adéquation du produit versus son utilisateur, de la connaissance des interactions entre les produits de santé, d’une confidentialité face au dossier médical, etc.
Si nous retirons l’exclusivité en pharmacie, cela aura-t-il réellement un impact sur le prix ?
Oui, sans doute sur l’un ou l’autre produit mais il y aura également un impact négatif sur les autres !
50% des produits de santé vendus en pharmacie sont des produits de santé en vente libre. Si ceux-ci disparaissent - même partiellement - de la pharmacie, le pharmacien devra gagner sa vie en augmentant ses prix sur les autres produits (ce qu’il ne peut pas faire) …...ou il devra fermer l’officine !
Dans des articles récemment publiés, une comparaison est souvent faite avec les Pays-Bas mais on oublie de mentionner qu’il n’y a là que 2.200 pharmacies ! Soit moins de la moitié du nombre de pharmacies présentes en Belgique alors qu’il y a plus de 16 millions d’habitants !
Au nom du libre accès, sommes-nous prêts à faire disparaître nos pharmacies ? « Quand la mémoire et le discernement éclairé se font rares » n’est pas un titre choisi au hasard…
Souvenons-nous, il y a à peine quelques mois, en pleine crise du covid, nous applaudissions nos médecins et pharmaciens pour le rôle qu’ils jouaient ! Toujours disponibles, ouverts, régulant autant que possible une distribution et un conseil pour les traitements que nous attendions, et ce afin de soutenir le plus grand nombre de personnes.
Allons-nous écouter le chant des sirènes qui veulent nous montrer qu’il existe des produits moins chers ailleurs et mettre à mal le système existant ?
Il y aura toujours des produits plus chers et moins chers quelque part.
Le prix moyen des produits de santé en Belgique est comparable à celui de l’Europe et, bien entendu, des exceptions existent en fonction des produits.
Nous avons l’un des meilleurs systèmes de santé au monde et des prix à la mesure de la qualité de ce que nous mettons à la disposition des patients.
Le Belge est le premier à réclamer l’indexation automatique des salaires (nous sommes parmi les seuls en Europe) mais ne comprendrait pas que, par exemple, il existe une indexation automatique des prix des médicaments en vente libre ?
Devrait-on subitement tout comparer avec nos pays voisins ? La mémoire sélective semble bien être une réalité !
Marc Gryseels, Administrateur délégué de BACHI