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Concours en médecine - Disposé à élaborer un examen d'entrée, Marcourt pointe l'incohérence du fédéral
22/09/2016 - 08:32
Photo: Shutterstock

Le ministre de l'Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt, s'est dit jeudi disposé à élaborer, comme le lui demande le gouvernement fédéral, un mécanisme de sélection au début des études de médecine en Fédération Wallonie-Bruxelles, et ce afin de garantir l'octroi d'un numéro Inami à tous les étudiants actuellement engagés dans cette filière.

Intervenant devant le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui faisait jeudi sa rentrée, M. Marcourt a toutefois pressé la ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block, d'assurer clairement dès à présent l'attribution du précie ux sésame à tous ces étudiants en cours de formation.

La semaine dernière, avant le conseil des ministres fédéraux, la libérale flamande avait en effet indiqué devant la presse vouloir donner un numéro à tous ces étudiants... avant de revoir sa position, précisant après le gouvernement que seuls les étudiants de dernière année disposeraient du précieux sésame.

Pour les cohortes suivantes de nouveaux médecins, sa décision serait prise année après année en fonction de l'efficacité du mécanisme de sélection francophone, avait-elle précisé.

"Plutôt que de donner à tous un numéro Inami et tourner ainsi la page une fois pour toute, Mme De Block décidera année par année", a déploré M. Marcourt.

Agir de la sorte, "c'est prendre notre Communauté (française) en otage! Il y a tout de même ici une question de dignité à mettre en évidence!"

Si M. Marcourt est prêt à se soumettre à la demande du fédéral d'élaborer un examen d'entrée aux études de médecine, le ministre socialiste ne s'est toutefois pas privé jeudi de dénoncer ce qu'il considère être une incohérence méthodologique.

En effet, organiser un examen d'entrée -où tous ceux qui réussissent sont autorisés à entamer des études de médecine- ne permet en rien de garantir le respect du contingentement du numéro Inami à l'issue de la formation, ce que demande pourtant le fédéral, a-t-il souligné.

Logiquement, il conviendrait plutôt d'introduire un concours d'entrée -où seuls un nombre précis de candidats sont autorisés à poursuivre-, ce qui permettrait de faire correspondre bien plus précisément le nombre de diplômés au volume de numéros Inami disponibles.

"Mais comment baser un tel concours sur un quota dont on dit soi-même qu'il est le résultat d'un accord politique?", a-t-il pointé.

Dans les deux arrêts rendus cet été, le Conseil d'Etat avait en effet invalidé le quota du concours organisé en fin de 1er bachelier au motif que le contingentement fédéral de numéros Inami pour 2021 ne s'appuyait sur aucune justification adéquate et transparente.

Or, le quota pour 2022 pourrait prêter le flanc à la même critique puisque le gouvernement fédéral s'est écarté la semaine passée de l'avis de la commission de planification de l'offre médicale pour maintenir finalement la clé 60/40 entre la Flandre et la Fédération. Une décision fruit d'un "compromis politique", reconnaissait d'ailleurs Maggie De Block trois jours plus tard...

Hormis le MR, tous les partis ont d'ailleurs dénoncé cette décision du fédéral.

En acceptant ce compromis, le MR a procédé à un "lâchage en rase campagne des intérêts francophones", a jugé Nicolas Martin (PS).

Benoît Drèze (cdH) estime lui que le gouvernement de la Fédération se doit à présent d'entamer une procédure en conflit d'intérêts devant le Comité de concertation, les francophones étant, selon lui, clairement lésés par une décision du fédéral. Une position qu'a d'ailleurs appuyé Caroline Persoons (DéFI).

Visé par ces critiques, le MR, par la voix de Jacques Brotchi, a défendu la décision du fédéral. Le nombre de numéros Inami dévolus aux francophones en 2022 sera 7% supérieur à ceux délivrés cette année, a-t-il dit.

M. Brotchi, professeur émérite de médecine, a profité de l'occasion pour interroger le ministre Marcourt sur la perche tendue par sa collègue flamande Hilde Crevits, laquelle plaide à présent pour la mise en place d'un système de sélection aux études de médecine commun à la Flandre et la Fédération Wallonie-Bruxelles.

M. Marcourt ne s'y est pas montré opposé. Il a d'ailleurs précisé qu'il rencontrerait son homologue le 12 octobre prochain à ce sujet.

Quant aux étudiants qui entrent cette année en 1er bachelier de médecine, le ministre a confirmé que ceux-ci seront bel et bien soumis au concours de sélection en fin de 1re année, légalement toujours en place.

"Je ne voudrais pas que le fédéral dise à nouveau que nous n'avons rien fait pour limiter le nombre d'étudiants...", a-t-il justifié.

Une réponse qui n'a pas convaincu Philippe Henry (Ecolo), affirmant ne pas comprendre qu'on puisse soumettre à nouveau des étudiants à un concours dont la validité est remise en cause.